Mitfinanzierung einer dänischen Kolonialanleihe durch Bern und Zürich

[En 1754 la Compagnie Danoise des Indes Occidentales vendit toutes ses parts aux gouvernement danois qui fît de St Thomas, St John et St Croix une colonie de la couronne danoise et un important centre commercial. St Thomas reçut le statut de port franc et était surtout connu pour son marché d'esclaves.]

Le 25 juin 1760, Urbain Roger, banquier bourgeois de Genève et conseiller de légation du roi de Danemark, déposa devant le notaire Delorme un plein pouvoir en date du 21 avril du roi Frédéric V de Danemark et de Norvège, «ayant agrée le projet qui Nous a été présenté d'une souscription de plusieurs particuliers de Genève, de Suisse et d'autres lieux pour nous faire un prêt de la somme de 500.000 écus... ou un million cinq cent mille livres argent courant de Genève » - c'est-à-dire 2.500.000 l.t. -, vu les grandes dépenses faites pour l'acquisition des îles et colonies antillaises et « pour assurer partout à Nos sujets une navigation libre ». A la veille de la guerre de Sept Ans, le Danemark et la Suède avaient conclu une Union maritime et décidé l'équipement d'une escadre armée pour protéger leur navigation contre les mesures de blocus des belligérants, surtout de l'Angleterre - première ébauche de la « neutralité armée » de 1780. Urbain Roger était l'associé de deux négociants genevois très entreprenants, Jacques Mussard et Jean-Baptiste Archer, ancien négociant à Bordeaux et resté le chef d'une maison bordelaise grande exportatrice d'Indiennes, alors dirigée par le beau-père de Roger, Esaïe Buffe. Les relations antérieures de cette maison avec le Danemark - ou avec la Compagnie Danoise des Indes - nous sont inconnues, mais cette conjonction entre le négoce genevois et la défense de la liberté du commerce sous pavillon neutre est néanmoins significative. Le 23 août, Roger apporta un second plein pouvoir par lequel, vu «que diverses personnes distinguées des Villes et Républiques de Berne et de Zürich avoient désiré de s'intéresser dans le dit emprunt, sous la promesse que le sieur Roger leur auroit donnée que le remboursement des sommes prêtées et le palement des intérêts d'icelles leur seroient faits respectivement dans les Villes de Berne et de Zürich, en argent courant de Genève et en espèces au même cours et valeur qu'elles auroient été fournies», le roi Frédéric V et son ministre Bernstorff approuvèrent cet arrangement; la demande parait être venue des Zürichois, nouveaux venus dans la clientèle genevoise, car les Bernois s'étaient mis à souscrire avec entrain dès l'ouverture de l'emprunt .

Cet emprunt danois, portant intérêt à 5 % et contracté pour une durée de six, neuf ou douze ans au choix des prêteurs, dont la souscription ne pourrait être inférieure à 500 écus et devait être effectivement fournie en espèces avant le ler janvier 1762, fut entièrement rempli avant le terme, et les quatre cinquièmes des souscriptions furent stipulées pour la durée maximum de douze ans. Comme dans les derniers emprunts sardes, la participation du patriciat bernois fut considérable - près de 100.000 écus, c'est-à-dire un cinquième du total de 2,5 millions de l.t. La nouvelle clientèle zürichoise apporta 40.000 écus, dont la moitié fournie par la banque semi-gouvernementale J. J. Leu & Cie, le reste par une vingtaine de particuliers, par les caisses de famille Escher et Fries et des institutions zürichoises, la caisse de l'Eglise Notre-Dame (Fraumünster) et celle de l'Eglise française - huguenote - de Zürich.


[Herbert Lüthy, La Banque Protestante en France - De la Révocation de l'Edit de Nantes à la Révolution, Paris 1959, Bd. 2, S. 74f.]