Question Jean Guignard concernant la participation suisse et vaudoise au trafic transatlantique des esclaves


La Confédération ainsi que plusieurs cantons et villes suisses sont prêts à soutenir une étude sur le rôle qu’a joué la Suisse dans le commerce des esclaves.

La question de la participation d’entreprises suisses au commerce transatlantique des esclaves a été relancée au début de l’année par le politicien et cabarettiste st-gallois Hans Fässler. Dans le cadre des festivités du 200ème anniversaire de l’entrée du Canton de St-Gall dans la Confédération, il a présenté son spectacle "Louverture est mort en 1803". Lors de ses recherches préparatoires, M. Fàssler a découvert plusieurs liens entre la Suisse et
l’esclavage.

Pour sa part, la France voisine commémore par une exposition au Fort de Joux, près de Pontarlier, où il avait été emprisonné sur ordre de Napoléon, le bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture, général et révolutionnaire haïtien, symbole de la lutte pour la liberté et pour l’abolution de l’esclavage.

Quel a été le rôle de la Suisse dans le commerce d'êres humains ?

En 2001, à la conférence de Durban, à propos d’une demande d’indemnisation adressée par l’Afrique a l’Europe, le représentant de la Suisse, M. Jean Daniel Vigny affirmait que la Suisse n’avait pas été impliquée dans ce commerce.

Des études connues depuis longtemps montrent le contraire, à savoir que ce ne sont pas seulement les pays ayant une longue tradition de marine marchande, mais que cest aussi l’ensemble des pays européens, la Suisse y compris, qui ont tissé un reseau étendu de liens commerciaux et financiers ayant l’esclavage comme base.

En ce qui concerne la Suisse romande, les régions de Vaud, Neuchâtel et surtout Genève ont participé activement. Pour notre canton, l’entreprise vaudoise "Illens et van Berchem" a armé à Marseille deux bateaux, le "Pays de Vaud" et le "Ville de Lausanne" pour les adapter au transport des esclaves du Mozambique. Par la suite, un troisième bateau, l’ "Helvétie" a également pris part a ce type de transport.

Je demande au Conseil d’Etat de bien vouloir répondre aux questions suivantes:

1) Le Conseil d’Etat est-il disposé a étudier, en collaboration avec les autres gouvernements interpellés, la participation suisse et vaudoise en particulier à la traite d’esclaves en apportant son soutien aux travaux de recherches effectué sur ce thème par des historiens africains, européens et suisses ?

2) En 2001, la Suisse a signé la "Déclaration de Durban" en reconnaissant que l’esclavage et la traite des esclaves ont été des tragédies effroyables dans l’histoire de I'humanité et en reconnaissant que la traite d’esclaves constitue un crime contre l’humanité. Le Conseil d’Etat est-il disposé à participer à une collaboration avec les organisations africaines et europénnes pour mettre au point une réparation ou un acte symbolique envers. l’Afrique si les recherches confirment la participation suisse et vaudoise dans la traite des esclaves ?

Aubonne, le 3 juillet 2003