Mise au point concernant le culte du 9 mars 2003 à la Collégiale

Dans le numéro 153 du mois d'avril 2003 de la Vie protestante, le Conseil synodal s'était joint à la mise au point du Conseil paroissial de la Collégiale concernant la prédication du pasteur Théo Buss, secrétaire romand de Pain pour le Prochain (PPP), donnée à la Collégiale lors du culte radiodiffusé du 9 mars dernier. Le Conseil synodal souhaite clarifier sa position qui prête à diverses interprétations.

Le protestantisme se caractérise par la pluralité des points de vue et des positions théologiques; la coexistence de ces convictions différentes ne se fait certes pas sans débat et sans tension; cette situation est vécue comme une richesse à préserver et à promulguer par le Conseil synodal qui croit que la recherche de la vérité se fait de manière communautaire et à partir de 1'Ecriture, car personne ne la détient en propre.

Le Conseil synodal ne veut donc pas restreindre la liberté d'expression des ministres de l’EREN ni commencer à censurer les prédications.

En regrettant les propos du pasteur Théo Buss, le Conseil synodal a été guidé dans sa démarche par le souci de l'unité de l'Eglise et d'une éthique à observer quand on assume la prédication. En effet, le Conseil synodal soutient que le culte et la prédication ne sont pas le lieu de faire le procès des gens. C'est cet unique aspect qui a poussé le Conseil synodal à réagir, sachant que de nombreuses personnes ont été heurtées par la prédication du secrétaire romand de PPP. Toutefois la teneur de la déclaration du Conseil synodal était ambiguë et demande à être précisée.

Pour le reste, le Conseil synodal estime qu’en principe il n’a pas à se prononcer. Toutefois. Il souhaite la poursuite du débat qui s’est amorcé sur la compréhension des termes «option préférentielle pour les pauvres» et l’implication concrète du rappel que l’engagement avec et pour les pauvres s’enracine dans le message des prophètes.

Jésus donne tout son sens à cette opinion en devenant un pauvre parmi les pauvres, un exclu parmi les exclus. Il est donc nécessaire de répéter qu’une société qui ne place pas le pauvre au centre de ses préoccupations est une société injuste et contraire aux valeurs de l'Evangile.

L’appel à observer une éthique sociale et une éthique de la responsabilité ne doit aucunement être escamoté car les changements apportés par le Ressuscité dans la vie de ceux qui le confessent influencent tant leur manière de vivre leur relation aux autres que l’usage qu'ils font de leurs biens.

Se solidariser avec les pauvres ne peut donc pas être interprété comme un signe de partialité. Ce choix de l'Eglise s'inscrit dans celui de Dieu qui «renverse les puissants de leur trône et élève les humbles, comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides» [Luc 1, 52, 53] Dieu aime toutes ses créatures individuellement, sans distinction, mais il écoute particulièrement le «cri des pauvres» dans une société où le profit et les lois du marché sont devenus des paramètres principaux au détriment des personnes. Tous nous sommes appelés à nous engager pour un monde plus juste, plus fraternel et plus équitable.

L’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel mène depuis des années une action concrète de soutien aux oeuvres d’entraide et est présente auprès des plus démunis par le travail du Centre Social Protestant. Elle favorise le développement de projets de diaconie de proximité ainsi que la création d’aumôneries de rue.

Cette option, le Conseil synodal souhaite la maintenir à l’avenir et espère que le centre cantonal Diaconie et Entraide va permettre de considérer globalement ces questions et de proposer des pistes d’actions renouvelées et concertées.

Les discussions ouvertes par cette prédication et par la réaction du Conseil paroissial de la Collégiale ainsi que par les différents avis exprimés demanderaient à être poursuivies. Le Conseil synodal souhaite la tenue d’un débat fécond et respectueux sur les thèmes et dans l’esprit proposés par la Campagne de Pain pour le Prochain très justement intitulée «S’écouter pour entendre».

Le Conseil synodal
Neuchàtel, le 30 avril 2003
VP/NE No 155 juin 2003