Pourquoi il faut réfléchir sur l'avenir du pèlerinage Toussaint Louverture

Le 7 avril 2010, quelques minutes avant le début de la cérémonie officielle de commémoration de la mort de Toussaint Louverture sur le Fort de Joux, le maire de Pontarlier, Patrick Genre, a brusquement déclaré la liste des intervenants fermée. Ainsi la prise de parole n'a pas seulement été déniée au représentant des organisateurs du pèlerinage, mais aussi à un représentant de la "Société haïtienne d'histoire, de géographie et de géologie" qui, sous la direction de l'historien Michel Hector, a été déterminante pour la fondation du pèlerinage.

Nous, les membres de la délégation haïtiano-suisse, qui faisons partie du pèlerinage depuis son origine en 2002, soulignons que le déni d’expression est d’abord contraire à son déroulement habituel, et qu’ensuite il contredit fâcheusement l’annonce faite par une représentante autorisée du protocole une heure avant le début de la cérémonie. Dès lors, l'argument du maire qui voulait éviter trop de prises de parole, en les limitant à deux, nous a semblé saugrenu. Les critères du choix des exclus de 2010 calmeraient peut-être notre irritation de pèlerins venus de loin mais astreints au silence de communication sur Toussaint Louverture. En 2007 il y avait, par exemple, six prises de parole (le Maire lui-même, Henry Désir, Hans Fässler, Almerindo Jaka Jamba, Tchao Sotou Béré, Shoayb Casoo), sans que cela n'ait posé de problème.

On n'honore pas les héros de la libération noire en pétrifiant les cérémonies de commémoration. On ne rend pas hommage aux pères de la patrie haïtienne en décrétant la fin de l'histoire au 1 janvier 1804. On ne respecte pas l'héritage de ceux qui ont donné leur vie pour les droits humains en ignorant les conflits politiques après 1804 et en détournant les injustices continuées.

C'est pour cela que la délégation haïtiano-suisse fait appel aux organisateurs du pèlerinage et aux officiels de la commune de Pontarlier et de la Communauté des Communes du Larmont pour chercher des moyens d'intégrer tous les participants du 7 avril au Fort de Joux pour créer un évènement de commémoration digne et équilibré et un lieu vif de réflexion et de débat.