Commémoration

Excellences africaines pour fêter Toussaint à Paques

Diplomatie et tourisme culturel en mémoire de Toussaint Louverture sur la route des abolitions de l'esclavage

Il en va de Toussaint Louverture comme de Jeanne d'Arc : heros historiques, symboles de liberté et d'une identité, on ne sait pas où sont leurs reliques.

On a dressé, derrière le château de Joux dominant La Cluse-et Mijoux, un mémorial à la mémoire du fondateur de la première république noire, mais sa sépulture a disparu dans un agrandissement du fort.

Néanmoins, c'est à ce mémorial où ils ont déposé une gerbe et dans la cellule ou il mourut que se sont recueillis les ministres plénipotentiaires et ambassadeurs de trois pays africains. Jamais l'anniversaire de la mort de Toussaint Louverture (excepté a l'occasion du bicentenaire) n'avait été marqué par la présence d'autant d'Excellences.


Deux routes


Cérémonie protocolaire et en même temps à la bonne franquette, escapade en famille...

Il y avait là MM. Shoayb Cassoo, ministre d'Afrique du Sud, Almérindo Jaka Jamba, ambassadeur d'Angola a l'Unesco, Tchao Sotou Bere, ambassadeur du Togo à Paris, une délégation d'élus haïtiens, accueillis au château par les cadres de la CCL, Martine Mong et Jean-Luc Cordereix, avant une réception à l'Hôtel-de-ville.

Une commémoration mise sur pied par le comité de pèlerinage de Toussaint Louverture présidé par Henry Desir.

Pour sa deuxième visite au château, l'ambassadeur du Togo insistait « sur la grande importance historique de Toussaint Louverture, de la nécessité de se ressourcer dans tous ces sites au moment où s'est mise en place la route de l'abolition et alors que, au Togo, on veut réhabiliter les sites de l'esclavage. Il est nécessaire que ces deux routes soient dans le prolongement l'une de l'autre. »

Nécessité aussi pour le représentant de l'Angola, de raviver la mémoire car si dans son pays « Toussaint n'est pas connu de tous, l'esclavage à destination du Brésil a été important au point qu'aujourd'hui cela se ressent dans les traditions religieuses et même dans la linguistique de ce pays ».


Tourisme de mémoire dans l'arrière-pays

Les pays africains ont effectué la démarche de se réunir autour de ce passé commun, par le biais de l'Unesco que concrétisait la présence du plénipotentiaire de l'Afrique du Sud dans cet organisme.

« Toussaint Louverture a fondé la première République noire, et chez nous, en Afrique du Sud, nous avons toujours combattu I'apartheid, le racisme », soulignait-il, avant de rappeler plus largement le message des idéaux de Toussaint, d'évoquer la lutte contre le fléau de la pauvreté et de lancer un appel à la communauté des nations du monde à travailler ensemble.

Et le château de Joux dans ce contexte ? Un lieu marquant, une image forte attachée à l'histoire de l'esclavage à tel point qu'il est destination touristique culturelle.

Se mêlait en effet au corps diplomatique, un groupe de touristes de Floride, Haïtiens expatriés venus avec I'organisme de voyage « Haïti en couleurs» .

Natacha Clerger, son manager, expliquait : « En Haïti, Joux est un lieu connu, il fait partie de nos études d'histoire. Mais, mis à part le prix, l'obtention de visa est une barrière forte.

Ce sont les Haïtiens de l'étranger qui peuvent effectuer le voyage en France, comme nous le faisons deux fois par an.

Nous voyons Paris, la Tour Eiffel et le château de Joux qui permet de découvrir l'arrière-pays...»